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Deux vies nées à la même seconde, deux mondes à réinventer… Rwanda-Belgique, et si le théâtre s’en mêlait ?

  • vincentdierickx
  • 26 nov.
  • 4 min de lecture

L’Empreinte fait voyager dix artistes entre Rwanda et Belgique. Plongeon dans les imaginaires, les rencontres et les chemins singuliers qui ont façonné sa création, entre théâtre, marionnettes, danse et musique.


Dans ce un road trip unique mêlant imaginaires d’Afrique subsaharienne et d’Europe, on rencontre Kunda et Lucile, jumelles astrales : nées exactement au même instant, mais à des milliers de kilomètres l’une de l’autre. Quelque chose en elles est brisé : les larmes ne coulent plus, le souffle est léger, presque absent.


Pour tenter de dénouer ce mal invisible, leurs grands-mères, Mimi et Mukandori, les invitent à plonger dans leurs songes. Là, le réel se tord pour mieux révéler ce qui est caché. Dans cet espace suspendu entre jour et nuit, entre rêve et mémoire, un oiseau messager peut enfin apparaître.


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Entre Kigali et Bruxelles : la naissance d’une création

L’Empreinte n’est pas seulement un conte : c’est un road trip émotionnel et artistique qui traverse continents et imaginaires.

La rencontre entre la compagnie belge Point Zéro et Ishyo Arts Center à Kigali est le point de départ de cette aventure. Jean-Michel d’Hoop et Carole Karemera ont tissé un dialogue entre leurs pratiques artistiques et leurs histoires personnelles.

Les artistes belges ont exploré le Rwanda, ses paysages, sa culture et ses récits. Les Rwandais·es ont découvert des Ardennes mystérieuses et l’underground urbain de Charleroi. Ces échanges nourrissent l’écriture et la mise en scène : un véritable pont entre deux mondes sur lequel voyagent contes et légendes.


Imaginaire, transmission et héritage

Ce spectacle explore les liens entre mémoire et transmission. Les artistes ont travaillé à partir de souvenirs personnels, mythologies familiales et objets du quotidien. Chaque élément raconte un passé tout en ouvrant la voie à l’invention et à la liberté créative.

Jean-Michel d’Hoop et Carole Karemera rappellent combien la rencontre et le partage entre cultures ont été essentiels. L’Empreinte interroge notre rapport au monde et à ce que nous choisissons de transmettre.


🎙️ "On voulait que les légendes voyagent autant que nous. Que les imaginaires du Rwanda et de la Belgique se répondent sans chercher à se ressembler." Carole Karemera

Dans L’Empreinte, la transmission n’est pas un thème abstrait : elle est un geste.Les artistes l’ont abordée comme un passage de voix, de gestes, de récits et d’images qui façonnent une identité. Le spectacle montre comment les histoires circulent entre générations, parfois intactes, parfois transformées, mais toujours vivantes.


La marionnette : un langage universel

La marionnette traverse les frontières culturelles parce qu’elle parle par le corps. Elle permet d’aborder des sujets sensibles — la mémoire, les silences, le rapport à l’enfance — tout en offrant une liberté d’invention. Chez Point Zéro, la marionnette n’imite pas l’humain : elle révèle ce qu’on ne dit pas. Dans ce projet, elle devient le médium idéal pour créer un espace partagé entre Rwanda et Belgique.


Un travail interculturel vivant

L’échange entre artistes rwandais·es et belges ne s’est pas résumé à une collaboration administrative. Il a impliqué :

  • des explorations de terrain (dans Kigali, dans Charleroi, dans les Ardennes),

  • des ateliers où chacun·e apportait ses images et ses souvenirs,

  • un dialogue constant sur les références culturelles, les gestes, les sons, les rythmes,

  • des découvertes mutuelles : pour certain·es, la marionnette ; pour d’autres, la polyphonie rwandaise ou les récits de collines.


L’interculturalité devient alors un terrain de création, bien plus qu'un décor.

Un espace où les imaginaires se rencontrent, s’étonnent, se bousculent, se répondent.



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🧭 Dans les coulisses : un atelier pas comme les autres

Pendant les résidences, les artistes ont tout partagé : leurs histoires de famille, des objets chargés de mémoire, des chansons apprises auprès de leurs grands-parents, des images du pays de l’autre. Résultat : une matière vivante, précieuse, qui a nourri la création autant que les répétitions elles-mêmes.

Dans les ateliers marionnettes, certain·es artistes rwandais·es manipulaient pour la toute première fois. "Ça nous a forcés à repenser nos gestes, à réinventer nos automatismes." Une véritable école mutuelle, où chacun·e a découvert le geste de l’autre.


🎙️ "La marionnette permet de raconter l’indicible. Elle met une distance qui, paradoxalement, rapproche de l’émotion brute." Jean-Michel d’Hoop

De Kigali aux Ardennes : un carnet de voyage

Les échanges entre les deux pays ont laissé des traces très concrètes dans la création : des rythmes rwandais glissés dans la musique live, la lumière des forêts ardennaises dans certaines scènes de rêve, des chants traditionnels qui se mêlent à l’électronique, des silhouettes inspirées des marchés de Kigali, des ombres rappelant les terrils et les anciennes usines du Borinage.

Tout cela compose ce monde hybride, mouvant, où le spectacle respire — quelque part entre les collines de Kigali et les plaines belges.


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La marionnette, un souffle de vie

Introduire la marionnette au Rwanda, où cette pratique n’existait pas, a été un défi. Pour Point Zéro, la marionnette n’est jamais une fin en soi mais un outil pour révéler l’émotion et ouvrir les imaginaires.

Les armatures des marionnettes, tissées en rotin et matériaux locaux, dialoguent avec les costumes. Les visages et les mains, réalisés en collage, reflètent les histoires multiples qui traversent chaque personnage. Sur scène, le spectateur voyage entre Rwanda et Belgique, passé et présent, réel et imaginaire.


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Jean-Michel d’Hoop – directeur artistique et metteur en scène

Formé à l’INSAS (Bruxelles), il fonde le collectif Point Zéro et explore depuis des décennies le théâtre de marionnettes et le théâtre documentaire. Ses créations interrogent toujours le lien entre acteur et marionnette, entre réel et imaginaire.


Carole Karemera – directrice artistique

Artiste et productrice rwandaise née à Bruxelles, elle cofonde Ishyo Arts Center à Kigali. Depuis plus de vingt ans, elle œuvre pour la création et la promotion des arts au Rwanda, explorant la mémoire, la jeunesse et les imaginaires partagés à travers le théâtre, la musique et la danse.



Photos Cathy Lebrun


L'empreinte

10.12 au Théâtre de La Louvière



 
 
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